Deux ans après (et deux TS plus tard), retour sur l'une des questions du TP-TD "L'homme au sein du vivant", proposé dans cette même rubrique en novembre 2004. Il s'agit de la première question du module 2 de la fiche (Mod.2 Q2, qui est rappelée ci-dessous) et qui montre à quel point les élèves (tout au moins les miens) ont une perception intuitive totalement fausse de la phylogènie, ceci dans le sens où elle est strictement "historique", narrative même : Un vrai conte des mille et une nuits qui commencerait par "Il était une fois un ancêtre commun…".
1 - Rappel de la question :
% d'a.a. #
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Bonobo
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Chimpanzé
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Homme
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Gorille
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Orang-outan
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Gibbon
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Maki
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Tarsier
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Bonobo
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0
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0,9
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2,6
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3,1
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5,3
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6,2
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29,5
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27,3
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Chimpanzé
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0
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2,6
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3,1
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5,3
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6,2
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29,1
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26,9
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Homme
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0
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3,1
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6,2
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5,7
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28,6
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26,4
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Gorille
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0
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4,0
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6,2
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28,6
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27,3
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Orang-outan
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0
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6,2
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28,2
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26,9
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Gibbon
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0
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26,9
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25,6
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Maki
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0
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13,7
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Tarsier
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0
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Les arbres construits le sont donc de gauche à droite et non de droite à gauche !
Alors cela signifie tout simplement que les élèves ont allégrement "zappé" l'idée pourtant fondamentale que l'évolution prend son sens et sa légitimité dans le présent bien plus que dans le passé; qu'elle est un objet scientifique et non une petite (ou grande) histoire que l'on se raconte de générations de profs en générations d'élèves.
M'adressant à des collègues, je ne ferais pas l'offense de donner ici une correction, l'objectif de cet article est simplement de signaler à certains qui ne l'auraient pas encore vu qu'il existe là un obstacle cognitif important (et tenace) qui demande une dépense d'énergie didactique pour s'éviter après coup un triste "Ils n'ont rien compris".
Plus grave, cela signifie aussi que si nous n'y prenons pas garde, pour beaucoup de nos futurs concitoyens la phylogènie sera une vérité apprise et non une vérité construite… de celles qui sont de l'ordre du credo et donc réfutables. Par les temps qui courent, ce n'est, à mon sens, pas rassurant.
Rq 1 : Même si la construction d'arbres phylogénètiques est hors des compétences exigibles à l'examen, c'est peut-être le meilleur moyen de remédier à ce type de conception éronnée. (durée totale exo et correction de l'ordre de 15 minutes)
Rq 2 : Si un élève passait par là et voulait s'essayer à l'exercice, voici tout de même une brève "solution" - On part du principe qu'au grès des mutations, la distance génétique entre deux espèces augmente régulièrement avec le temps, au point qu'en mesurant les distances génétiques entre espèces actuelles on peut resituer dans le passé leur ancêtre commun hypothétique. On construit donc la parti manquante de l'arbre de proche en proche en traduisant par un trait horizontal allant de la droite vers la gauche (et pouvant être discontinu) les distances génétiques entre le Bonobo (pris en référence dans le tableau) et les ancêtres qu'il a en commun avec les autres espèces suivantes du tableau. Toutes ces espèces, puisqu'il s'agit d'espèces actuelles et qu'elles sont les seuls éléments de comparaison sont logiquement alignées sur la même verticale à droite de l'arbre (cette verticale peut suggérer le temps présent). Au final on obtient donc ceci :